En matière d’équipements sportifs, tous les quartiers de la métropole bordelaise ne sont pas logés à la même enseigne. Principales zones « carencées », les quartiers prioritaires de la ville (QPV), ex ZUS (Zone urbaine sensible) au sein desquels les inégalités de traitement restent fortes.
La métropole bordelaise et ses 750 000 habitants abrite aujourd’hui 21 quartiers prioritaires. Des secteurs considérés comme « sensibles » et qui souffrent d’un déficit flagrant en matière d’équipements sportifs comparé aux autres territoires de l’agglomération. Le sport, pourtant, présente bien des vertus en matière d’éducation, de santé et d’intégration sociale et culturelle…
Les quartiers prioritaires de la ville, QPV, abritent 7,5% de la population totale de la métropole. On y trouve 5,9 installations sportives pour 1000 habitants, contre 6,4 équipements en moyenne dans la métropole ; ce chiffre chute à 3,5% si l’on ne considère que les équipements présents dans les limites géographiques administratives des QPV (et non ceux situés à proximité). C’est presque deux fois moins que dans le reste du territoire métropolitain…
Ces statistiques locales s’inscrivent dans les moyennes nationales : d’après le ministère de la Ville, de la jeunesse et des sports, qui a publié un rapport en octobre 2014, les QPV, qui abritent 7% de la population française, comptent depuis fin 2013 près de 9000 équipements sportifs, soit 3% seulement des 324 000 installations du pays.
Sur la carte ci dessous, les quartiers prioritaires de la métropole bordelaise sont représentés en rouge, les équipements sportifs en bleu.
De très fortes disparités parmi les QPV
Avec presque 6 équipements sportifs pour 1000 habitants (en comptant large, donc), les QPV pourraient apparaître comme des zones bien équipées (la moyenne française tous territoires confondus s’établit à 2,2 équipements pour 1000 habitants). Il existe néanmoins au sein même de ces QPV des disparités importantes.
Si ceux de Floirac, Cenon et Lormont sont relativement bien équipés, de même que les quartiers de Grand Parc et Saint-Michel à Bordeaux, d’autres zones, à Pessac, Gradignan ou Villeneuve d’Ornon souffrent toujours d’un manque flagrant d’équipements sportifs. Comme quoi les quartiers perçus comme les plus « sensibles » ne sont pas aujourd’hui, et dans ce domaine, les plus délaissés.
Alors que le quartier Champ de Course (Eysines-Le Bouscat) possède 19,23 équipements sportifs pour 1000 habitants, Grand Caillou, situé dans la même commune, n’en a aucun. Même constat pour les quartiers Barthez (Gradignan) et Yser-Pont de Madame (Mérignac). Soit 3 des 20 QPV de la Métropole (14,3%).
Autre nuance non négligeable : la moyenne des infrastructures sportives des QPV pour 1000 habitants chute à 4,13 si l’on exclue les quartiers Champ de Course, Bacalan (Bordeaux) et Thouars (Talence). Ils possèdent chacun entre 12 et 20 équipements sportifs pour 1000 habitants, un nombre très élevé. Ce constat est d’autant plus marquant que les 17 autres QPV de la métropole bordelaise regroupent plus de 90 % de la population de ces quartiers.
La prédominance des city stades
Les équipements sportifs dans les quartiers prioritaires sont relativement variés.
Si l’on enlève le cas particulier du tennis, les trois installations arrivant en tête sont les city stades (14%), les équipements d’athlétisme (11%) et de football (10%). Les city stades permettent de pratiquer plusieurs sports : basketball, handball, football… De plus ils ne sont pas chers à construire. C’est donc l’équipement idéal pour permettre aux habitants de quartiers prioritaires de pratiquer différentes disciplines gratuitement.
Beaucoup d’installations de type gymnase ou piste d’athlétisme appartiennent à un collège ou un lycée (nous les avons volontairement pris en compte). Ils ne sont donc pas accessibles à toute la population, et c’est pour cela que les gymnases sont bien placés dans le classement.
Le foot reste prédominant dans les équipements déjà construits, mais le rugby ne représente que 1,6% des installations.
Il reste encore à faire pour que les quartiers prioritaires obtiennent les mêmes structures sportives que d’autres quartiers plus aisés.
L’Etat, via le Centre national pour le développement du sport (CNDS), tente de rééquilibrer le déficit d’équipements sportifs dans ces quartiers en finançant la construction de nouvelles installations. Mais le chemin est encore long avant que les habitants des quartiers prioritaires puissent pratiquer le sport qu’ils veulent sans entraves. Un programme national est doté d’une enveloppe de 23 millions d’euros, dont 6,3 millions pour la création de 400 emplois dans les associations sportives des QPV.
« Chaque région doit faire remonter un certain nombre de projets. Il s’agit de plans annuels : avant le 31 mai, une liste de 7 projets doit être choisie dans notre région », explique Gilles Chambaretaud, directeur du CNDS pour la région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes. “Ne seront pas éligibles cette année les terrains de grand jeux, comme le football ou le rugby par exemple”.
Les installations éligibles à la construction dans les quartiers prioritaires seront avant tout des équipements sportifs spécialisés (équipements destinés à la pratique en club, gymnases qui ne sont pas réservés aux établissement scolaires, etc.) et des piscines, dans le cadre du dispositif et dans le cadre du dispositif national « J’apprends à nager » destiné aux enfants des QPV.
La métropole de Bordeaux en manque cruellement : on ne dénombre de trois piscines au total dans les 21 quartiers prioritaires.