2017 sera l’année d’Alain Juppé. C’est du moins ce qu’annoncent tous les sondages qui le placent en tête de la primaire des Républicains. Quant à l’élection présidentielle… 45% des Français estiment qu’Alain Juppé ferait « un bon président », selon un sondage Viavoice diffusé le 22 mai. Mais la ville de Bordeaux, habituellement à gauche, soutiendra-t-elle son maire ?
C’est une règle presque absolue : aux élections présidentielles, le candidat peut compter sur son territoire d’élection. Elle se vérifie en tout cas pour tous les gagnants sous la Vème république. En 2007, Nicolas Sarkozy gagne le scrutin à 53%. A Neuilly, son fief historique, c’est 75% des électeurs qui l’ont choisi. Même rengaine pour Hollande en 2012. Dans la première circonscription de Corrèze ou il est député, il réalise un score de 67%, contre 51% sur l’ensemble de la France.
« D’habitude je vote à gauche, mais là je vais voter pour Alain Juppé »
Cette importance de la personnalité politique – déjà bien présente dans le modèle de l’élection présidentielle – est d’autant plus vraie au niveau local. Il suffit d’aller à la rencontre des électeurs bordelais pour s’en rendre compte. « D’habitude je vote à gauche mais là je vais voter pour Alain Juppé s’il se présente. J’en ai été contente en tant que maire. Je préfère voter pour une personne en qui j’ai confiance plutôt que pour le candidat d’un parti politique » explique Anne, 36 ans, aux abords de la place saint Michel. Deux rues plus loin, le discours est le même, à l’image de Philippe, 51 ans : « Je voterai pour Juppé à la présidentielle. Pourtant j’ai voté à gauche jusqu’ici. (…) Je trouve que la ville est vraiment bien gérée, surtout au niveau économique et social ». A Bordeaux, Alain Juppé profite de cet attachement à la personnalité politique : si les bordelais votent en général à gauche, pour la mairie, ils votent Alain Juppé.
Mais qui est l’électeur d’Alain Juppé ?
En utilisant les listes électorales et les données de l’INSEE, il est possible de cerner son profil sociologique.
Les habitants de Bordeaux voteront-ils Juppé aux présidentielles ? Probablement, nous disent les chiffres. Reste qu’il ne s’agit pas d’une vérité absolue : si les gagnants des élections présidentielles sont portés par leurs fiefs, les perdants, eux, ne sont pas systématiquement soutenus.
Enquête de Amélie Petitdemange, Pierre Steinmetz, Alexis Tromas et Clément Pourré