L’enquête
https://2016.datajournalismelab.fr/les-motards-fous-du-guidon/
Idée de départ
Nous avons choisi de travailler sur le thème de l’accidentologie et nous sommes parties d’une base de données très conséquente. Notre première idée était donc de nous pencher sur une catégorie en particulier, celle des piétons à Bordeaux. En menant différentes recherches, nous avons remarqué que 40% des personnes décédées à Bordeaux en 2014 étaient des piétons. Ce nombre nous a semblé important et mériter une analyse complémentaire. Cependant, en creusant davantage le sujet et en analysant les données, nous nous sommes rendu compte qu’aucune tendance particulière ne se dégageait quant aux victimes, aux lieux, etc. De plus, bien que le pourcentage de 40% soit important, « seuls » deux piétons sont décédés à Bordeaux pour cinq morts toutes catégories confondues : un échantillon insuffisant pour faire une analyse pertinente.
Réorientation
Avant de démarrer une autre enquête, nous avons estimé qu’il fallait explorer en détail la base de données pour repérer des tendances à analyser. Lors de cette deuxième exploitation des données, nous avons remarqué que les chiffres étaient particulièrement importants en Gironde concernant la mortalité des deux roues motorisés, par rapport au reste de la France. En effet, 1/3 des morts de la Gironde en 2014 sont des deux roues motorisés. La Gironde serait le sixième département le plus mortel pour les deux roues. Pour obtenir ce chiffre, nous avons croisé le nombre d’usagers morts dans un accident deux roues dans chaque département. Nous avons ainsi calculé la part de morts dans un accident deux roues motorisés par rapport au reste de la France pour tous les départements de France. On a ainsi trouvé que près de 2,44% des morts dans un accident de deux roues motorisés (sur toute la France) se sont tués sur les routes de Gironde.
Enquête
- Traitement des données
La base de données sur laquelle nous nous sommes appuyées provient du site data.gouv.fr. Elle répertorie l’ensemble des accidents corporels de la circulation survenus durant une année précise en France métropolitaine. Elle comprend des informations à propos de la localisation de l’accident ainsi que des informations concernant ses caractéristiques, les véhicules impliqués et leurs victimes, répertoriés grâce aux forces de l’ordre dans quatre fichiers différents. Les derniers chiffres, ceux à partir desquels nous avons travaillé, concernent l’année 2014. Pour dégager des tendances et se concentrer uniquement sur les accidents des deux roues motorisés en Gironde, il a fallu à plusieurs reprises croiser les différents documents. Dans les deux roues motorisés, nous prenons en compte : les cyclomoteurs de moins de 50cm3, les scooters de moins de 50 cm3, les motocyclettes comprises entre 50 cm3 et 125 cm3, les scooters compris entre 50cm3 et 125cm3 et supérieurs à 125 cm3, et les motocyclettes supérieures à 125 cm3.
Les différentes données nous ont permis de déterminer les circonstances des différents accidents, notamment la temporalité (l’heure, le jour, le mois), les conditions météorologiques, l’état des chaussées, l’âge moyen des conducteurs, etc. La base occulte néanmoins certaines données spécifiques relatives aux usagers et à leur comportement (vitesse, alcool,…) dans la mesure où la divulgation de ces données porterait atteinte à la protection de la vie privée de ces personnes. Une des limites de notre enquête.
- Sources extérieures et terrain
Notre base de données étant conséquente et exhaustive, nous n’avons pas eu besoin d’autres documents chiffrés. En revanche, il était nécessaire de recueillir des témoignages, notamment des principaux concernés : « les motards ». Pour cela, nous avons contacté la Fédération Française des Motards en Colère au niveau de la Gironde.
Afin de vérifier les différentes informations trouvées dans la base de données et d’en savoir plus sur les circonstances exactes des accidents, nous avons également contacté plusieurs gendarmeries ainsi que des commissariats de police, qui n’ont pas pu nous donner les éléments nécessaires, par soucis de confidentialité.
Pour comprendre pourquoi la Gironde est autant concernée par les accidents deux roues, nous avons également essayer de contacter les interlocuteurs importants du département, comme Alain Rambaud – chargé des deux roues à la préfecture de Gironde, qui n’a pas pu nous répondre. Nous avons également contacté l’Association Maison Sécurité Routière Aquitaine (AMSRA) ainsi que Pascal Dunikowski, chargé de mission deux roues motorisés national, au ministère de l’intérieur.
Enfin, nous avons joint Philippe Courtois, avocat spécialisé à Bordeaux dans la défense de l’indemnisation des victimes d’accidents corporels afin d’avoir son analyse sur la question à partir des dossiers qu’il a traités.
Nous avons également consulté les archives du journal Sud Ouest pour pouvoir mettre en relation et comparer les données que nous avons trouvées dans la base et tous les accidents deux roues motorisés relatés dans le journal en 2014.
Difficultés rencontrées
La principale difficulté rencontrée a été l’exploitation de la base de données. En effet, nous avons perdu beaucoup de temps à l’explorer et à la comprendre car celle-ci était énorme (près de 130 000 lignes de données, présentes sur dix colonnes et ce sur quatre tableurs différents). Nous n’avons donc pas réussi à déterminer des tendances tout de suite, ce qui nous a menées à de fausses pistes et de fausses impressions.
Aussi, nous n’avions au préalable pas de connaissances suffisantes en tableur pour utiliser une base aussi conséquente. Nous avons d’abord cherché des tendances de façon manuelle puis nous avons appris au fur et à mesure à être plus efficaces dans l’exploitation des données avec le logiciel (tableaux croisés, formule « RechercheV », formule « nb.si », etc…). Malheureusement, souvent, nos ordinateurs n’étaient pas assez puissants pour traiter autant de données à la fois, nous avons donc été confrontées à de nombreux ralentissements.
L’autre grande difficulté que nous avons rencontrée au cours de notre enquête est un problème avec le tableur et notamment la formule « RechercheV ». En effet, en comparant nos données avec les archives de Sud Ouest, nous nous sommes rendu compte que nous ne trouvions pas le même nombre d’accidents. Les accidents concernés figuraient bien dans notre base de données initiale mais n’apparaissaient plus dans les résultats une fois que l’on croisait les différents tableurs. Il nous a alors fallu tout recommencer en effectuant d’autres manipulations de tableurs ; nous avons donc repris tous les graphiques qui étaient faussés, ce qui nous a pris beaucoup de temps.
Enfin, les personnes que nous souhaitions contacter étaient difficilement joignables. Certains numéros de téléphone n’étaient plus à jour alors qu’ils figuraient sur des sites officiels. Les démarches administratives pour entrer en contact avec certains officiels, comme le chargé de missions des deux roues, se sont avérées longues et fastidieuses.
Visualisation finale
Pour représenter toutes nos données, nous avons décidé de privilégier la forme graphique pour que les analyses soient plus lisibles. Le camembert montre les différentes gravités d’accidents, le graphique en histogramme représente le top 10 des départements les plus dangereux en France, la carte Google Maps localise les différents accidents, et l’infographie dresse un profil des « motards ».
Manon Bricard, Noémie Gaschy, Jorina Poirot